La fatigue m’assaille. Les puissants neuroleptiques, que je prends trois fois par jour, me mettent ko. Le soleil chauffe mon appartement, à travers les vitres, accentuant mon sentiment d’épuisement. J’ai l’impression d’être dans une cocotte-minute.
Tous les jours se ressemblent. Des heures de solitude face à ma télévision. Je regarde un monde qui n’est vraiment pas le mien. Des publicités pour des voitures, alors que je n’ai pas la permis de conduire. Des publicités pour des vacances, alors que je suis incapable de quitter mon appartement, ou presque. Tout cela me fatigue.
Je suis devenu un robot, aux capacités limitées. Je marche dans la rue, pour aller faire mes courses, juste à côté de chez moi. Heureusement qu’il y a ce magasin. Je ne serais pas capable d’aller plus loin. Parfois, je rencontre une personne que je connais. Je souris et je dis bonjour poliment, alors qu’à l’intérieur, je me sens mal, tellement mal. J’ai l’impression d’être déjà mort. Un peu comme si j’étais en enfer.
Quand mes parents me demandent si je vais bien. Bien souvent, je réponds « oui ». Ils ont fait leur vie ou presque. Je ne veux pas trop les perturber. Et puis, ils ne peuvent rien faire pour me soulager, alors, à quoi bon les tracasser.
Le angoissent sont là, bien présentes. La fatigue psychique, à devoir supporter mes peurs, pour tout, comme si le monde autour de moi n’était tenu que par que par une mince ficelle. Tout est mouvant et cela me fait peur. J’ai besoin de certitude. Je n’aime pas le changement. J’en ai des sueurs froides.
Je ne me souviens plus de ma dernière joie. J’ai l’impression d’être étranger à ce qui m’arrive. Je laisse l’eau m’emporter sans savoir ou je vais.
Je n’ai plus la force de combattre cette fatigue psychique.