A l’heure où j’écris ce texte, je me sens plutôt bien, entier, serein. Ma famille était réunie chez mes parents et contrairement à d’habitude, je n’ai pas ressenti le besoin de rentrer dans mon appartement, très vite. J’ai au contraire profité de ce moment de bonheur, en laissant les minutes s’écouler tranquillement, après le repas pris en commun. Il y avait en moi une chaleur qui irradiait mon corps tout entier, mon cerveau. J’étais serein.
Bien sûr, une fois rentré chez moi, j’ai eu quelques idées envahissantes. Des reproches que je me fais sur ce que j’ai dit. Des propos incohérents ou décalés que j’ai eus. Je m’imagine à la place des gens qui ont reçu ces propos et qui doivent me trouver bien étrange.
Aujourd’hui, je suis plus ou moins stabilisé et j’arrive à donner le change dans les discussions. Je ne me prends plus pour dieu. Cela me fait même rire, maintenant quand j’y repense.
Il m’a fallu des années pour accepter de souffrir d’une maladie psychique grave. Aujourd’hui, je suis plus serein avec cela, même si j’ai encore parfois honte du mot schizophrénie.
Malheureusement, je suis toujours souvent autant angoissé et j’ai toujours la même difficulté à sortir de chez moi, pour aller en centre-ville… même si la semaine dernière j’ai réussi à prendre le bus.
Une nuit plus tard et je ne me sens plus serein du tout. Je suis comme fracturé. C’est arrivé dès le réveil, ce dimanche matin. Mon corps tout entier vibre d’une souffrante dissonance. Mon cerveau est comme engourdi. Je ne comprends pas pourquoi. Il n’y a pas vraiment de raison. Je culpabilise quand même, en me disant que j’ai dû faire quelque chose de mal dans une autre vie, que je mérite ce qui m’arrive.
Dans l’après-midi, j’ai retrouvé un peu de sérénité. J’ai ouvert la porte fenêtre de mon appartement et je me suis mis à écouter les bruits venant de l’extérieur. Combien de temps, cette sérénité va-t-elle durer ?