Cela fait quinze jours que j’ai quitté l’hôpital psychiatrique. Je garde encore de nombreux contacts. Des patients que j’ai rencontrés là-bas et qui se sont montrés d’une rare humanité. Malgré les portes qui étaient fermées, les grillages, l’ambiance était joyeuse. Je me souviens de fous rires à table, malgré les règles strictes à respecter. Je me souviens de certains patients placés à l’isolement, dans une chambre fermée à clés, avec juste un matelas par terre, parce qu’ils avaient été violents.
Je me souviens de cette jeune femme, qui plutôt que de frapper une autre patiente, a préférée donner des coups de poings dans un mur, à plusieurs reprises et même avec son plâtre.
Parfois il faisait beau et je faisais plusieurs fois le tour du parc fermé, auquel nous avions accès. Je me retrouvais aussi souvent dans ma chambre, comme un oasis, quand je voulais être seul. Mais souvent la porte était ouverte par une infirmière, quand il était leur du traitement par exemple.
Je me souviens de ces nombreux sourires et ces « bonjour ça va ? », quand je croisais un autre patient dans un couloir.
Il y avait une rare humanité qui tranchait avec le lieu dans lequel j’étais.
L’après-midi, de 14 heures à 18 heures s’était l’heure des visites, pour les familles, les amis… La grande salle à manger se remplissait, prête à exploser, devenant bruyante. Il y avait quelques enfants qui courraient partout.
Il y avait aussi ces patients, le visage fermé, qui ne disaient presque rien. Ils étaient peut être perdu dans leur monde intérieur, inaccessible.
Aujourd’hui j’ai retrouvé mon appartement. Je peux aller me balader quand cela me chante. J’ai la clé de la porte qui m’ouvre le monde libre, qui parfois quand je regarde les informations, me parait plus fou qu’à l’hôpital psychiatrique.