L’après-midi se passe de manière longue et ennuyeuse. Je suis chez moi, devant la télévision qui crache des images multicolores pour attirer les téléspectateurs. Je change souvent de chaine, à la recherche de programmes intéressants… Rien n’y fait cet après-midi. Je me décide à éteindre cet écran pour passer à autre chose. Mon appartement est alors plongé dans un calme suspect. Seul, le ronronnement du réfrigérateur me teint compagnie.
Je suis pourtant sorti ce matin, à l’association de patients. J’ai discuté avec les uns et les autres. Il y avait Fred qui était là. C’est chez lui que j’avais passé la soirée du nouvel an. Ça avait été une soirée forte agréable. Fred est un ami de longue date qui souffre de schizophrénie comme moi. Il est de taille moyenne et 10 ans plus âgé que moi. Il a un visage sympathique, assez rond. Souvent souriant, dénotant un côté sociable développé.
Il y avait aussi Thierry, dans un autre style, avec son chapeau de cow-boy, son manteau descendant jusqu’à ses chevilles et son collier clouté autour du cou, recouvert par de longs cheveux noirs. Thierry est un homme original. Il a plus ou moins essayé toutes les substances hallucinogènes. Ce qui lui a laissé quelques séquelles intellectuelles. Il est pourtant aussi très joyeux et pas du tout ennuyeux.
Malgré tout, cet après-midi est ennuyeuse, comme le ciel, sans soleil, complétement gris et sans aucune variation de couleur.
Mais ce matin, j’ai réussi à prendre le bus pour aller à l’association de patients. J’en ai été assez fier. Moi qui ai du mal à sortir. L’intérieur du bus un peu crasseux était assez calme. Les scolaires étaient déjà à l’école et il y régnait une ambiance populaire, avec ces jeunes mamans et leurs poussettes, ou ces passagers qui pas seulement à cause des mouvements brusques du bus n’arrivaient plus trop à tenir debout.