Le ciel est sombre et pluvieux. Ce matin je n’ai pas pu me rendre à l’association de patients, pour des raisons indépendantes de ma volonté. Je ne compte plus les heures et les jours d’ isolement. Je passe d’un écran à l’autre. J’ai éteint la télévision, qui montre une image toujours plus jeune et en bonne santé de la vie. L’ isolement, je le cherche un peu, mais dès que j’envisage une activité avec d’autres personnes, une angoisse m’envahit.
Il y a certains jours, je me demande si je suis encore vivant. A force d’ isolement, je me demande si je ne suis pas un fantôme qui erre entre deux mondes. Les autres ne me voient pas, je suis transparent. Ce n’est pas la caissière au supermarché, quand elle me dit bonjour, qui suffit à mon besoin d’échanger avec les autres. D’autres fois, c’est une caisse automatique qui me parle, avec une voix pré-enregistrée.
J’en suis responsable de cette isolement. Je ne fais rien pour changer les choses mais je n’en n’ai plus la force. Le numérique, ne remplace pas une vraie conversation. Je ne sais pas si c’est mieux que rien ou un facteur qui ne m’encourage pas à d’avantage sortir.
Je sais par cœur ce qui se passe dans le monde. Les drames sont en boucle dans ma tête. Pourtant, je ne connais pas le prénom de mes voisins.
L’ isolement est un cercle vicieux et en même temps, je n’ose pas trop aller vers les autres. Au début, c’était une façon de moins souffrir. Même en groupe je m’isolais. J’allais me cacher dans les toilettes, pour reprendre mes esprits et ne pas exploser dans ce monde que je travestissais en fonction de mes délires.
Je n’ai jamais su remonter la pente. Le rocher est trop lourd à porter et il tombe juste avant d’arriver au sommet.
Le numérique c’est un remède contre l’isolement ais aussi un poison qui nous y enferme
Service écoute psychologique
Tél. : 01 42 63 03 03 . On peut toujours essayer, après je ne sais pas si ca marche.
Pour info, la photo est de Michaël Korchia (moi)
Ca serait bien de me créditer.
Et bon courage pour le traitement de la maladie…