J’ai 36 ans et je me sens comme en fin de vie. Je suis à la retraite d’une vie que je n’ai pas vécue. Je vois le monde tourner autour de moi et je n’en fait pas parti. Ce n’est pas faute d’avoir essayé, mais je ne peux pas. Je me sens de plus en plus décalé. Je voudrais le jour ou la souffrance sera trop intense, pouvoir être libre de choisir.
Cet après-midi, j’ai pris trois Temesta de 1mg, en une seule prise. Je ne me sentais pas bien, comme trop souvent. Sous l’effet de cette drogue, j’ai retrouvé un peu de bien-être.
Je suis parti me balader. Dans le supermarché pas loin de chez moi. La musique est soudainement devenue insupportable. C’était une chanson, qui avait un lourd passée émotionnelle. Il fallait que je sorte de ce lieu le plus vite possible. Une crise d’angoisse commençait à monter.
De retour chez moi, et comme régulièrement, J’ai scruté les progrès de la science, qui pourraient rendre plus supportable la vie d’un schizophrène. Ce n’est que désillusion et manque de moyens, pour une pathologie qui touche 1% de la population mondiale.
Je voudrais une fin de vie paisible. Pour ne pas souffrir, que cela se passe chez moi, entouré de mes proches, dans le calme. J’ai la folie de penser que je suis propriétaire de mon corps et de mon âme.
Il y a des choses qui nous échappent, mais la souffrance est bien réelle. Seul celui qui a vécu, une semaine dans ma peau, pourra me juger.
La fin de vie n’est peut-être pas encore pour tout de suite, mais j’y avance tous les jours un peu plus. Tant que je pourrais tenir, je le ferais. Mais dans plusieurs années, quand j’aurai pris ma décision. Je veux que celle si soit respectée.
Crois-moi, j’ai pleuré en lisant tes mots ! Je ne peux pas me mettre à ta place mais je comprends ta souffrance car mon oncle est schizophrène.
Mon oncle est âgé de 39 ans. Notre relation d’oncle-nièce est très forte voire parfaite, je le considère comme un deuxième père pour moi, comme un frère… C’est pénible de le voir souffrir, parfois j’assiste à ses crises de colère et parfois je témoigne ses accès de froideur et d’apathie envers les autres et envers moi… et ça me déchire le cœur mais je sais, qu’au fond, existe l’homme tendre et compatissant que j’ai connu toute ma vie, et je sais que ce n’est qu’un nuage gris qui va finir par disparaître, un brouillard qui va finir par se dissiper. La schizophrénie n’a jamais été un obstacle pour établir une bonne relation avec lui, au contraire elle a renforcé nos liens et je me trouve incapable d’imaginer ma vie sans lui. Depuis mon bas âge je me rappelle de sa souffrance, il était distant, il s’isolait et repoussait les autres, mais peu à peu il commence à se rattraper, je le vois lutter contre la schizophrénie, il échouait parfois et son état s’aggrave pendant un certain temps mais il n’a pas perdu espoir, et il se remet debout à chaque fois. Maintenant il est beaucoup mieux qu’avant, il s’est sorti de son isolement, il a vaincu ses angoisses et il essaie de revoir la vie autrement. Il arrive maintenant à me parler de ses angoisses et il me dit qu’il se sent mieux lorsqu’il se confie à ses proches qu’à son psychiatre.
Alors, s’il te plaît ne perd pas espoir et ne baisse pas les bras, je sais que c’est extra difficile, je sais que c’est de la souffrance pure, mais rien n’est impossible. Tu es encore jeune et la vie est encore longue devant toi. Ne te démoralise pas et n’abandonne jamais, montre au monde de quoi tu es capable, montre aux autres que tu es apte à vaincre tes angoisses, ne considère pas la schizophrénie comme une tare, comme un obstacle. Il faut que tu te ressaisisses, il faut que tu commences à voir le monde autrement. En lisant tes mots, je sens que tu es capable de ça, tu portes au fond de toi cette force intérieure qu’il te faut faire sortir, tu es capable de vaincre la schizophrénie, mon cher, je suis sûre de ça, tu es quelqu’un de bien, avec un bon cœur et ce monde a besoin de toi, la vie a besoin de toi ! N’arrête pas d’écrire sur cette page, laisse nous toujours tes nouvelles, courage et n’aie pas peur relance toi dans la vie, elle t’attend ! Nos cœurs sont avec toi!