Hier était une dure journée. Je n’ai pas été capable de prendre le bus le matin. Une souffrance m’en a empêché. J’ai imaginé voir les têtes habituelles et je ne pouvais pas. Rentrer dans le bus avec toujours les même yeux qui me regardent, était au-dessus de mes forces. J’ai besoin d’être anonyme. Que l’on ne connaisse pas mes habitudes, le siège sur lequel je m’assoie…. Je ne veux pas dévoiler ma psyché.
J’ai donc demandé à un proche qu’il me conduise en voiture. La route était glissante à cause d’une pluie fine. L’air humide était irrespirable. J’avais envie de vomir. Je suis arrivé plus tard que d’habitude à l’association. Il y avait déjà du monde.
Là non plus je n’ai pas envie de dévoiler ma psyché. Je ne parle donc jamais de mes angoisses. Je fais toujours comme si tout allait bien, même si intérieurement je suis fracturé. Les adhérents en souffrance psychique ne se rendent compte de rien. Ils me parlent de leurs problèmes, comme si j’étais une sorte de mentor. Parfois, n’en pouvant plus, je me mets près du radiateur, dans un coin du local ou les gens ne viennent que rarement. Au bout de quelques heures, on n’est revenu me rechercher en voiture. C’était dur, mais pire si j’étais resté chez moi.
L’après-midi fut une véritable torture. J’étais bloqué contre un plafond de verre, baignant dans une anxiété continue. Je suffoquais et je ne savais que faire pour me soulager. Personne ne pouvait constater l’état déplorable de ma psyché. J’étais seul chez moi, passant de mon canapé à mon lit.
Il a fallu attendre le soir, que les volets soient fermés, pour que je puisse retrouver un peu de sérénité. Un appel téléphonique m’a définitivement remis sur les rails. J’étais bien, dans une agréable torpeur, un peu fatigué par le lourd traitement, composé d’anxiolytiques et de neuroleptiques.
Vers 22 heures, je me suis allongé dans mon lit. J’étais une autre personne, calme et heureuse.
J’espère que ces appels qui te remontent arriveront de plus en plus souvent alors.. 😉