Premier matin depuis le départ de mes parents. D’habitude, quand je me réveille il fait nuit noire, mais là, à peine ouvert les volets, le soleil est rentré dans le salon, comme un feu rougeoyant. J’étais heureux. La matinée commençait bien. Pas de boule au ventre, symptôme quand parfois mes parents partaient en vacances.
Cette année, je ne sentais pas le vide, la peur, l’angoisse de ne pouvoir compter que sur moi-même.
Assez rapidement, je suis sorti pour faire quelques courses. L’air était glacé et cela tranchait avec l’intérieur de mon appartement. Dans le magasin, tout était calme. Il n’y avait pas grand monde. Le trajet par contre, était semé de pièges, de zones glissantes… Les gens marchaient de manières étranges, équilibristes, pour s’assurer que sous leurs pieds, le sol n’allait pas se dérober.
Parfois, du sel avait été semé, et l’on pouvait en toute confiance avancer.
De retour chez moi, je reçu un appel de mes parents. Encore sur la route, ils se rapprochaient de leur destination. Ils étaient heureux et n’avaient qu’une seule envie, chausser leurs skis et dévaler les pentes abruptes.
Mes parents étaient soucieux de mon état et m’appelaient régulièrement. J’avais déjà dans le passé, beaucoup souffert, quand ils étaient en vacances.
J’avais même une fois, préféré l’hospitalisation.
C’est pour cela que lorsque j’ai pris un appartement, je m’étais installé dans la même rue, pour ne pas être trop loin.
Tout au long de la journée, j’avais eu mon père au téléphone. C’était peut-être un peu trop, mais je n’avais pas le courage de lui dire. Il avait l’air heureux de me parler.
Par procuration, je voyageais un peu aussi.