Belle journée ensoleillée. Les gens rentrent chez eux, il est 19h00. Les voitures remplies de femmes, d’hommes et d’enfants roulent devant chez moi. Les maisons s’animent, les jardins sont des terrains de jeux. Des odeurs de barbecue arrivent jusqu’à ma fenêtre ouverte. Je suis seul face au clavier de mon ordinateur.
Ce matin, j’ai vu Caroline. Elle envisage de se faire hospitaliser en psychiatrie. Elle est trop mal et devait voir son psychologue avec qui elle fait une psychanalyse. Je trouve cela contreproductif mais je n’ose pas lui dire. Pour un thérapeute, laisser croire à une jeune femme que son problème vient de la façon dont elle s’est construite ou de ce qu’elle a vécue est une escroquerie. Elle parle de sa souffrance comme une démarche nécessaire sur le chemin qui la mènera vers la guérison. Heureusement qu’elle a également un psychiatre qui lui donne un traitement pour la soulager. Le cerveau dysfonctionne parfois et parler de son enfance ne résoudra rien.
J’ai faim mais j’en ai assez de manger des steaks hachés congelés. Je n’ai aucun produit frais. Il faut que j’aille faire des courses mais je n’ai pas envie de me frotter à la foule du supermarché. J’ai juste envie de me souler, ça arrive assez souvent, c’est pour cela que je n’ai pas d’alcool chez moi. Je vais me contenter des benzodiazépines.
Oui, je veux m’abrutir et arrêter de laisser tourner ce cerveau, d’une angoisse à une autre. Devant chez moi, des parents font du vélo avec leurs enfants. J’ai hâte que le soleil se couche et que mon esprit comprenne qu’il est l’heure de passer en mode nuit. Faire le vide dans sa tête est ce qui demande le plus de concentration, on pense toujours à quelque chose. C’est bien cela le problème, chez moi, j’ai toujours une peur qui est là.