Je suis angoissé. J’ai l’impression que tout ce que je fais va avoir des conséquences dramatiques pour mes proches. Je n’ose plus rien faire. J’ai aidé un peu mon père avec son ordinateur de boulot. J’étais très fébrile, alors que c’est un domaine que je connais un peu. En tout cas plus que lui. Il a fallu aussi bouger quelques cartons et j’étais limite paniqué de peur qu’il ne se blesse de ma faute. Je n’ai touché à rien, craignant d’être responsable. Malgré tout, j’aime passer du temps avec lui. Ce sont des moments privilégiés. Il m’aide toujours dans les moments difficiles.
A part cela, je ne souffre pas trop. J’ai même passé une bonne journée, avec pour commencer ce matin, un jogging de 10 km. Demain la semaine reprend et j’ai hâte de sortir un peu et d’aller à mon association de patients. Bonne nouvelle, je vais pouvoir y continuer mon travail bénévole.
J’ai eu quelques nouvelles de Caroline. Elle souffre beaucoup et ne sait plus quoi faire pour que son martyre s’arrête. Je ne sais pas si c’est un bon conseil mais je lui ai dit de prendre un peu de benzodiazépine et dormir. C’est ce que je fais, ça permet de ne plus souffrir pendant quelques heures. Je m’inquiète pour elle. Elle ne m’avait jamais écrit de tels SMS. Elle n’en pouvait plus. Je ne connais pas exactement sa pathologie bien qu’elle prenne aussi des neuroleptiques.
Les maladies psychiques sont vraiment des tortures. Dire qu’avant la médecine moderne on pensait que les schizophrènes ne souffraient pas. Peut-être ceux qui sont complètements partis, sans plus aucune lucidité. Même de cela je ne suis pas certain, malgré le fait que prendre conscience de sa condition, est une souffrance supplémentaire.
Dehors, la chaleur commence à baisser et les gens préparent tranquillement leur soirée dans une quiétude rassurante.