Un vent de souffrance souffle sur cette journée. A 5 heures du matin j’étais réveillé. Dans le bus, un peu plus tard, j’avais vraiment l’impression d’être sur la rive à attendre Charon, depuis plusieurs dizaines d’années. Ne pouvant m’accomplir jusqu’au bout.
Il m’arrive souvent d’avoir ce questionnement, quand je suis seul des heures entières, « suis-je encore en vie ? ».
Je ne sais plus trop et parfois une sonnerie de téléphone me ramène à la vie, de manière brutale et dans la souffrance.
Mais tout parait si étrange, des âmes errent autour de moi. Je n’arrive plus à communiquer avec elles. Dans le bus nous nous regardons mais nous ne disons rien. Certains vont jusqu’au terminus mais pas moi. Je descends avant pour rejoindre mon association de patients.
Il y a souvent de petites disputes, pour de broutilles entres adhérents. Je m’éloigne de tout cela. Les uns et les autres viennent me tenir informés. J’écoute et j’essaie de prendre de la hauteur. Ce matin, même parmi les miens je me suis isolé. J’étais comme tétanisé, ne pouvant ouvrir la bouche. Plus aucun sentiment ne m’habitait, ni joie, ni colère…
Toute la journée s’est déroulée dans cette pesante atmosphère. En fin d’après-midi, je n’avais toujours pas avancé.
Hier, la fatigue et les médicaments m’ont cloué au lit, avant le début du match de football de la France. De toute façon, je n’arrive plus à m’enthousiasmer pour grand-chose. J’aimerai avoir les poils qui se dressent.
Faut dire aussi que Caroline a mis un terme à notre relation amicale. Je me sens vraiment vide.