Atmosphère compliquée à l’association de patients ce matin. Une quinzaine de personnes dans un grand brouhaha étaient réunies. La femme de ménage en pleur à cause d’un mari fraichement licencié. Elle était complètement déprimée, je la comprends.
Du côté des adhérents ça n’allait pas mieux non plus. Pierre qui avait décidé d’arrêter ses injections mensuelles de neuroleptique était délirant. On lui pardonne. J’ai aussi tenu des paroles qui n’avaient ni queue ni tête.
Dans ces cas-là, les gens finissent par ne plus écouter ou se moquent un peu. Le problème c’est que ce genre de fierté, se finit par une rechute et une hospitalisation en psychiatrie.
Agathe aussi qui visiblement s’agace vite en état maniaque, est montée dans les tours. L’animateur a été obligé de la mettre dehors sous les insultes.
La vie de groupe est compliquée, il y a toujours des tensions et encore plus quand les gens craquent facilement.
Malgré tout, c’est un des seuls lieux où je me sens bien. On se dispute mais l’on ne juge pas. Pour moi, le plus compliqué c’est lorsque je me retrouve entres mes quartes murs.
Cette association est une vraie bouée de sauvetage. C’est pour elle que je me lève tous les matins et que je prends le bus. Je ne vais pas cracher dans la soupe.
Je pourrais y aller toute la journée mais je me contente d’une heure ou deux le matin. J’ai besoin de rentrer chez moi après. J’ai toujours été un solitaire et la maladie n’arrange rien. J’aimerais un jour connaitre la joie d’aller vers les autres plus facilement. De ne pas être méfiant et de me faire de nouveaux amis.
Je voudrais aussi aller dans un festival de rock et chanter, danser… être plus démonstratif, mais ça c’est un peu de famille aussi. On est tous coincé du coté de mon père.