Je marche depuis 5 minutes direction le bureau de vote. Je suis accompagné de mon père. Tout seul, étant donné mes angoisses, j’aurai renoncé. Je me sens mal, je suis en morceaux. Tout est brisé à l’intérieur. J’arrive enfin dans la salle des fêtes de ma commune. Vite, je dis « bonjour » aux membres de la municipalité que je connais. Une femme, plus que les autres, attire mon intention. Je l’ai toujours trouvée attirante. Elle me sourit et son visage s’illumine puis je me dis qu’elle pourrait être ma mère. Je me dépêche de prendre les bulletins car mon angoisse monte.
A l’intérieur de l’isoloir c’est la panique. Je tremble mais au moins ici personne ne peut me voir. Je prends mon courage à deux mains et j’ouvre le rideau. De nouveau en pleine lumière, je me souviens juste avoir entendu « a voté ».
Je ressors rapidement de la salle des fêtes. Ouf, je souffle, je vais pouvoir rentrer chez moi. Sur le chemin du retour, je détourne le regard en croisant un groupe de personne. Ils sont bruyants et ça me provoque une suée, comme souvent lorsque je suis mal à l’aise.
Rentré et porte fermée dans mon appartement, c’est la délivrance. J’enlève mes vêtements, j’ai eu trop chaud.
J’allume la télévision et mon esprit retrouve une stabilité, je me sens entier. Ça me fait toujours cela après un moment difficile.
A travers la baie vitrée, la vie dehors commence à se calmer et je m’apaise. Je ne sortirai plus pour aujourd’hui et cela participe à mon bien être.
Trop de solitude est insupportable, mais pour ce jour, j’ai eu mon quota de sourire et de serrage de main.
Demain matin, une autre épreuve sera de prendre le bus, en évitant les regards des uns et des autres. Je commence dès ce soir à me mettre en condition.