Cet après-midi je suis sorti et j’ai pris le bus pour aller en ville. Fortement angoissé à l’aller, je suis arrivé à bon port quand même.
En même temps on ne peut pas demander au chauffeur de faire demi-tour. C’est pour ça que c’est angoissant.
Dans le bus il faut bien croiser le regard des gens mais le plus déroutant c’est quand je me mets à entendre des mots par-ci et par-là et que je leur fais raconter une histoire me concernant. Comme si les gens autour de moi connaissaient mes secrets les plus inavouables et en parlaient de manière détournés. C’est une journée ordinaire pour moi.
Je vous l’accorde c’est du pur délire, je suis paranoïaque. Dans ces moments-là j’écoute mon mp3, j’ai l’impression de devenir fou sinon.
C’est un peu ça qui m’empêche de me sentir à l’aise dehors. Je me refugie dans mon appartement. Le présentateur à la télévision parle de moi aussi, de manière détourner. Heureusement, je peux éteindre.
Je ne sais pas pourquoi je fais tout tourner autour de ma personne. Peut-être parce que je me prends pour dieu.
Je suis dans une situation compliquée.
Pour en revenir à ma sortie en ville, le retour en bus était plus rassurant. En me rapprochant de mon logement, je me sens de mieux en mieux.
Il m’arrive de rêver que je gagne à l’euro million comme il m’arrive de rêver que la schizophrénie sera guérie de mon vivant et que je pourrais profiter un peu de la vie quand même. Je voudrais tant vivre une journée sans schizophrénie.
Pouvoir vivre et ressentir, pour les mauvaises et bonnes nouvelles. C’est dur de faire semblant d’être ému ou joyeux lorsqu’on ne ressent rien. Je le fais pour ne pas que les gens me trouvent étranges, si j’esquisse un petit sourire lorsque j’apprends un décès. Je fais aussi semblant de rire.