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Je vis comme un ermite

Ça ne va pas trop mal cette nuit. Je suis excité, je danse et chante au rythme de la musique que ma chaine musicale diffuse. C’est un moment de répit que j’apprécie. Il faut que je profite, car dans quelque heures, quand le soleil sera levé, ce ne sera pas la même limonade.

Je ne supporte plus la présence des autres. Ou a très petite dose. Et puis c’est le weekend, une raison de plus pour rester chez soi.

Il y a encore quelques mois, je ne refusais pas les contacts humains. J’essayais même d’en avoir le plus possible. Mais là s’est terminé. Je veux juste souffrir le moins possible. Certains diront que je vis comme un ermite. Eh bien c’est vrai. Je vis la nuit.

J’ai conscience que je me replis sur moi et que revenir en arrière sera de plus en plus compliqué.

C’est parce que j’ai accepté que je ne guérirais jamais. Cette satané schizophrénie a gagné.

Il y a quand même les courses, les rendez-vous chez ma psychiatre… Deux trois bricoles que je ne pourrais pas éviter.

En attendant, les oiseaux commencent à chanter. Prémices du soleil qui va se lever.

Le feu brule dans l’insert. Il fait 18 degrés. Je vis dans une passoire thermique. Un petit logement vieillot, que je loue une fortune.

Pour faire les courses, je mets ma capuche. Ainsi, je me sens protégé. On ne voit presque plus ma tête. Et puis, je vais le plus vite possible.

Une fois rentré, je ferme ma porte à double tour et parfois je coupe même la sonnette. Je ne veux plus qu’on m’approche.   Je vis dans mon univers, avec mes pensais un peu délirantes, mais là il n’y a personne pour me contre dire, et c’est bien ainsi.

Journée type d’un schizophrène

Cette nuit je suis un peu énervé. Hier j’ai fait le point avec ma psychiatre sur mon traitement. Nous sommes tous les deux d’accord, pour dans les années qui viennent… si tout va bien, ne garder que l’essentiel. En effet, je prends trop de cachets et de pilules.

Ce n’est donc pas pour cela que je suis agacé. Je ne sais pas trop pourquoi ?

je suis énervé

Mon réveil m’a sorti du lit à 1h30, en pleine nuit, en forme. Mais les heures passants, je me suis un peu tendu. Et là je suis en souffrance. Il ne faudrait pas que je croise quelqu’un. Bien que je n’aie jamais montré de signe de dangerosité, je peux exploser et me mettre à hurler pendant de longues minutes, tout seul dans la rue.

C’est une expérience horrible à vivre. Cela se termine systématiquement par l’injection d’un puissant calmant, et d’une hospitalisation, pour quelques semaines.

La vie de schizophrène n’est pas une vie de tout repos. C’est même une vie compliquée. De toute façon, je me suis fait une raison. Je veux le minimum d’interactions avec les autres. Bien qu’il m’en faille un peu quand même.

Tout à l’heure, si mon état ne s’est pas dégradé, j’irai faire un tour dans le super marché de mon quartier. Je mettrai la capuche de mon anorak et je marcherai en essayant de ne pas croiser le regard des autres. Puis je m’enfermerai chez moi, jusqu’en fin d’après-midi.

Vers 16h00, j’irai me coucher, jusqu’en début de nuit.

Allez, encore quelques heures avant que le jour ne se lève. Je ne suis pas pressé. J’ai de la musique, mon ordinateur, et ma cigarette électronique. Je n’en demande pas plus.

Et puis il faudra que je me lave. Je n’aime pas ça.  Pareil pour le ménage dans mon logement.

Je veux être seul   

Aujourd’hui j’ai rendez-vous avec ma psychiatre, dans quelques heures. Pour un renouvellement du traitement… et voir un peu comment je vais. Cela fait quelques mois que je n’interprète plus les propos des personnes avec qui je parle. C’est un vrai soulagement et c’est très reposant. C’est parti comme c’est venu. Sans crier garde.

Pour cette nuit, j’ai dû remettre un peu de chauffage au gaz. Il ne faisait que 17 degrés dans mon logement et je n’avais plus de bois. Cela va encore me couter un bras.

Cependant, je suis toujours aussi nerveux lorsque je suis sollicité par d’autres personnes. Je n’aime pas parler. D’ailleurs je suis très mauvais à l’oral. Je sens mes poils s’hérisser, ma bouche devenir pâteuse, et j’ai envi de partir en courant…

C’est pour cela que j’apprécie autant vivre la nuit. Je suis dans mon élément. Seul au monde.

Lorsque les lampadaires s’éteignent et que le soleil se lève, j’ai une boule au ventre.

Je veux être seul

Il n’y a qu’avec vous, sur internet que je me sens bien.

Je n’ai même plus envie d’aller à mon association de patients. Je veux faire un break. Cela fait prés de 15 ans que j’y vais plusieurs fois par semaine. A force cela devient pénible.

Il est déjà trois heures du matin. Je n’ai pas vu le temps passer.

Je mets plusieurs alarmes sur mon téléphone. Une à 1hH3O, une autre à 1H45 et enfin la dernière à 2H00. Mais cette nuit j’ai dormi un peu plus longtemps.

Hier en fin d’après-midi, j’avais pris sous la langue, une dizaine de gouttes de CBD.

Je commence à me réchauffer. Les radiateurs ont bien marché. Il doit faire 19 degrés.

Il va falloir que je prépare mon pilulier pour la journée. De plus en plus souvent, les comprimés se coincent dans ma gorge. Je suis obligé de tousser un bon coup, pour les expulser et les retrouver par terre. Je n’en veux plus.

Agoraphobie donc handicap ?

angoisse agoraphobie schizophrèneMon père m’a demandé d’aller faire des petites courses, dans une grande surface pas loin de chez moi. Dans la galerie marchande, il y a un coiffeur. Il faudrait que j’y aille en même temps. Mon père sait que je suis schizophrène et que je suis parfois bloqué dans mon logement. Je souffre de plusieurs phobies dont l’agoraphobie. C’est la peur de sortir de chez soi.

J’essaie d’ouvrir la porte de mon appartement. Quelques minutes sont passées et je suis revenu m’assoir devant mon écran.

Je ne peux pas. C’est plus fort que moi. Je crains d’avoir une crise d’angoisse chez le coiffeur. Le samedi, il y a toujours beaucoup de monde. Rester sur une chaise face à son image, pendant un temps assez long est une démarche que je ne peux pas faire aujourd’hui. J’attends d’être regonflé psychologiquement pour y aller. C’est pareil pour me rendre dans le magasin et faire les courses.  Slalomer entres les clients puis attendre aux caisses est générateur d’angoisses.

Je suis schizophrène depuis l’âge de vingt ans. J’ai cru que ma vie allait décoller un jour. Cela fait quinze ans que je ne progresse plus beaucoup. Je me contente de gérer au mieux les évènements qui arrivent.

Je suis assis sur le bord de la route et je regarde les autres avancer. C’est assez frustrant.  Cet après-midi, j’ai dit bonjour à un voisin de mon âge qui se préparait pour partir en vacances à l’autre bout de la France, avec sa petite famille.

Quelque part, je l’envie.

Je me dis que la vie est comme une équipe de football, on ne peut pas tous être attaquant et marquer des buts. Je trouve quand même cela injuste.

Heureusement pour moi, je suis stabilisé donc pas trop délirant. Cela fait plusieurs années que je n’ai pas été hospitalisé. Les choses pourraient donc être pires.

Je suis arrivé au milieu de ma vie et la schizophrénie avec ses symptômes négatifs m’a lourdement handicapée. Je ne crois pas que la deuxième et dernière partie de ma vie sera plus facile.

Schizophrène, j’ai augmenté ma dose de neuroleptique.

J’ai eu plusieurs fois la mâchoire contractée pendant de longues heures, c’est très douloureux. En gros vous ne pouvez plus fermer la bouche et votre langue et tirée. C’est un effet secondaire du solian, le neuroleptique que je prends. J’ai tellement été traumatisé après une nuit complète passée aux urgences à souffrir atrocement que j’avais un peu baissé la dose.

Aujourd’hui, mon corps assimile mieux cette molécule et j’ai donc décidé de revenir à la posologie initiale. J’ai encore des angoisses lorsque je me focalise trop sur ma mâchoire mais je me rends compte que dans la vie de tous les jours c’est plus confortable.

D’un point de vue général je souffre moins, je me sens plus équilibré. Bien sûr je reste schizophrène à 100%, jusqu’à la fin de mes jours mais cela se verra peut être moins.

Ne vous inquiétez pas, je continuerai à dire ce qui ma passe par la tête. J’en rajouterai toujours un eu parce que la folie et la souffrance psychique ne peuvent pas vraiment être décrites sans passer par des métaphores…

De plus, la provocation est la seule arme efficace contre les lieux communs.

Guérir de la schizophrénie.

Ce matin, je me réveille, il fait du soleil et j’ai un rêve. Un peu comme gagner à l’euro million, c’est guérir de la schizophrénie.

Toutes ces souffrances, ce traitement qui m’empêche de bander, ces angoisses, cette solitude… Je voudrais donner un grand coup de pied dedans et vivre comme mes amis sur Facebook qui ont un travail, une femme, des enfants ou alors construire quelque chose.

Trouver une autre utilité à ma vie que celle de fumer de cigarettes à longueur de journée comme monter une entreprise, travailler, faire le tour du monde en courant, élever des enfants, sauter en parachute, bref vous l’aurez compris, ce matin j’ai envie de me sentir utile, j’ai envie d’exister.

Quand je tourne le dos je me souviens de ces moments où je me prenais pour le diable ou pour dieu. Ces moments délirants où je pensais que les extra-terrestres allaient venir me chercher ou bien encore que je pouvais parler aux gens par télépathie.

Je pense à ces longs mois passés en hôpital psychiatrique, je pense à cette période et j’ai envie de retourner dans mon lit et ne rien faire. Cette maladie est trop lourde à porter.

Il faudrait que je recommence tout depuis le début, m’éloigner de cette ville, de cette vie. Prendre un revolver et appuyer sur la gâchette. Il faut que je m’éloigne de là ou je suis pour aller ailleurs.