Les volets sont fermés et l’intérieur de mon appartement et faiblement éclairé par une ampoule. Mon réfrigérateur presque vide ronronne. J’entends les voisins discuter, sans comprendre complètement ce qu’ils disent. C’est une présence humaine qui pourtant me rassure. La vie continue à l’extérieur. Par moment, j’ai l’impression de ne plus en faire partie et d’être dans un autre espace-temps. Je suis chez moi, avec cette solitude que j’ai apprivoisé. Je ne parle pas et ne fait aucun bruit. Je me demande ou je vais. Combien de temps peut-on tenir sans vie sociale ?
Cet après-midi, j’ai eu la visite de ma psychologue à domicile. Je commence à m’habituer à elle. C’est une des rares personnes qui rentre régulièrement chez moi. Elle ne perd pas l’objectif que nous nous sommes fixé, me faire sortir d’avantage. Petit à petit, elle m’aide à me synchroniser avec les autres et leur espace-temps. C’est un travail de longue haleine et de répétition.
Ce matin, j’ai pris le bus. Je ne fais presque plus attention aux gens qui sont autour de moi. Je suis dans mon espace-temps. Malgré le monde, les odeurs de sueurs et les gens qui parlent tout seul, je regarde le paysage ou je tapote frénétiquement sur mon smartphone. Je n’ai pas envie d’échanger avec eux. Je souris parfois quand j’y suis obligé mais c’est purement de façade. Intérieurement, je suis gêné si quelqu’un m’adresse la parole.
Il est 20h et je ne suis pas fatigué. Pour une fois, je n’irai pas me réfugier dans mon lit pour ne plus avoir à réfléchir. Je vais passer une partie ma soirée devant un écran de télévision à regarder des gens, tellement éloignés de mon espace-temps.
J’angoisse aussi de voir les années passer et de ne pas en profiter. Mon visage se ride, mes cheveux tombent.
Elle est trop bien l’image que t’as mise!