Hier soir, j’ai eu beaucoup de mal à m’endormir. Les heures défilaient, ainsi que les comprimés de Temesta. En général cette molécule me met KO et je m’endors rapidement. Hier soir, j’étais anxieux et rien ni faisait. Je tournais et me retournais dans mon lit, sans savoir si j’allais trouver le sommeil et la sérénité.
Le lendemain matin, après avoir réussi à dormir quelques heures, je n’étais pas en pleine forme. Il faut dire que la lecture de mon dossier médical, la veille, m’avait secoué plus que je l’aurais imaginé. J’avais été replongé en 1998, un autre siècle, celui de ma première visite chez un psychiatre. J’avais pu lire les différents comptes rendus de cette époque. C’est surement aussi cela qui avait créé de l’anxiété et mon insomnie.
A peine réveillé, j’ai dû de nouveau prendre des comprimés. J’en avale 8 par jour et c’est toujours le même rituel. J’arrive ainsi à ne pas replonger dans des épisodes délirants. Mon traitement est assez offensif, comme j’ai pu le lire dans une autre lettre de mon dossier médical.
Je n’avais pas eu le choix, il me fallait ces documents pour mon nouveau psychiatre, dans le but de renouveler mon allocation.
La matinée était triste, autant dans ma tête dans le ciel. Le soleil était bien caché derrières d’épais nuages gris. A l’intérieur du bus, les gens avaient de pâles figures, comme s’ils prenaient eux aussi trop de comprimés.
Je voyais tout en gris. Je me sentais désarticulé, pas bien dans ma peau.
La journée a continué avec de nouveaux comprimés, pris loin du regard des autres, le midi, dans le local d’une association.
J’avais hâte renter chez moi, pensant que dans mes murs, je me sentirai mieux. Malheureusement, cela n’allait pas être plus bénéfique. Le ciel avec sa masse nuageuse couleur charbon était là aussi sur mes épaules. Il n’y avait nulle part où aller. Il fallait juste attendre que le temps passe.