C’est la honte d’être schizophrène, même avec mes parents ce mot est tabou. Mes amis qui ne sont pas au courant imaginent que je suis juste quelqu’un d’angoissé. Ils me disent que je devrais me bouger pour sortir un peu plus et trouver du travail.
Avant que cette maladie ne se déclare j’étais toujours prêt à sortir, faire la fête, rencontrer du monde. J’étais un jeune homme plein de vie.
Aujourd’hui, après deux crises de schizophrénie aigues depuis que j’ai 20 ans, je suis un homme à terre. J’aimerai être compris d’avantage. J’ai mis plusieurs années à accepter cette maladie et je ne peux en parler. C’est très frustrant.
Je souffre et quand quelqu’un me demande si ça va, je suis obligé de serrer les dents et de répondre oui.
J’ai 35 ans et si je fais le bilan de ma vie, je n’ai pas d’enfant, pas de situation professionnelle et j’ai dû passer le plus claire de mon temps dans mon canapé à m’abrutir de télévision.
Quand je souffre trop, je m’allonge dans mon lit et j’avale des comprimés pour dormir, pour quelques heures de répit.
Quand je sors de chez moi et que je croise une connaissance, j’ai envie de partir en courant. Je dois quand même dire bonjour, parler, écouter et sourire. Ça me pèse vraiment.
Toute communication est une souffrance, en plus si c’est pour écouter les gens qui se plaignent. J’ai envie de leur dire « aller vous faire foutre ».