Idée contrariante

J’ai pris ma dose de Codéine ce matin. Je suis allé faire quelques courses. Je suis de retour chez moi et je me sens comme sur un petit nuage. J’ai rarement été aussi détendu. Le soleil me chauffe le dos. Je suis complètement apaisé. Je voudrais rester des heures comme cela. Aucune idée contrariante ne vient perturber ce bonheur.

une idée contrariante peut survenir à chaque instant
une idée contrariante peut survenir à chaque instant

Hier, j’avais rendez-vous chez ma psychiatre. Elle ne me suit que depuis quelques mois. Elle apprend à me connaitre et notamment toutes mes phobies, comme la peur de sortir de chez moi, la peur de la foule, des relations sociales, des ascenseurs…

C’est important qu’elle cerne bien tous les aspects de ma schizophrénie, car dans quelques mois, elle va devoir remplir le certificat médical pour le renouvellement de mon allocation adulte handicapé.

C’est une femme avec les idées claires, très précise dans ses questions. Je ne me livre malgré tout pas complétement. Il me faut du temps pour faire confiance aux gens.

Devant moi, la télévision le son coupé, passe des images que je ne regarde même plus. C’est un facteur qui pourrait développer une idée contrariante, un délire. En effet, il m’arrive parfois de croire que le petit écran me parle et c’est très déroutant.

Heureusement, mon neuroleptique, le Solian que je prends à forte dose, a réduit les délires. Dans les heures les plus sombres de ma maladie, j’interprétais les gestes des passants dans la rue. Je me sentais harcelé.  Et même tout seul, au fin fond de ma chambre, il y avait toujours une idée contrariante qui me perturbait.

J’ai connu l’enfer sur terre.

En allant chercher ma codéine, hier, j’ai sympathisé avec la vendeuse. Elle habite dans la même rue que moi. Son mari a fait de gros travaux dans leur maison, acquit il y a un an. Elle m’a proposé de passer. Elle m’a aussi parlé de ses enfants…  Elle veut sans doute se faire des amis dans le quartier.

Souffrant de phobie sociale, c’est une idée contrariante qui va me hanter, chaque fois que je vais passer devant leur maison, pour aller chez mes parents.

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