Neuroleptique et Vincent van Gogh

Je suis anxieux cet après-midi, j’ai dû augmenter ma dose d’anxiolytique. Je suis un peu endormi mais c’est quand même plus confortable que d’avoir le cerveau qui part dans tous les sens.

Le matin, les scolaires ne sont plus dans les bus, ça fait moins de monde donc moins de stress. A l’association de patients, j’ai chargé l’animateur d’aller voir Pierre pour le raisonner. Il ne veut plus faire son injection de neuroleptique.

L’animateur m’a appris qu’un groupe d’infirmier mobile était venu hier soir à son domicile pour lui administrer son traitement sous la menace, quand cas de refus, ils reviendraient avec la police.

Je ne sais pas si cela est très légal mais Pierre est souvent délirant. Il refuse complètement le diagnostic. Il est schizophrène. Je sais pour l’avoir vécu que le coté paranoïde de sa maladie aurait pu le faire exploser complétement.

Pierre veut partir à l’étranger pour échapper à la pression que lui mettent les soignants. La vie n’est pas facile. Il dit que les médicaments lui font perdre ses supers pouvoirs. Dans un sens cela a une certaine logique.

Vincent van Gogh aurait-il peint ses chefs d’œuvre s’il avait été sous neuroleptique ?

Moi, j’ai tranché ce débat, j’ai trop souffert sans neuroleptique et puis je n’ai pas de « super pouvoir » dans la peinture…

La folie a quelque chose de fascinant mais il ne faut pas croire qu’elle apporte forcement le génie. Elle apporte un regard décalé sur les choses qui nous entourent, c’est certain, mais face à la souffrance j’ai fait mon choix.

La folie isole, énormément aussi. Si tout le monde s’inscrivait dans ma folie, alors je crois que ça n’en serait plus une.

C’est déjà arrivé dans l’histoire, pour le pire et le meilleur.

Demain sera je l’espère, une journée ordinaire.

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